Le centre de Nouméa est, plus particulièrement, orienté sur les problématiques liées aux conséquences des changements climatiques, couvrant des thèmes tels que environnement et ressources, sociétés et territoires ainsi que santé et environnement.

C’est dans cette optique qu’a été mobilisé pour la Nouvelle-Calédonie par l’IRD, un outil participatif visant à impliquer les populations insulaires dans les choix d’aménagement de leur territoire, en leur faisant prendre conscience des impacts dus aux changements climatiques.

A l’occasion d’une conférence axée sur les Aspects juridiques dans les changements environnementaux en Nouvelle-Calédonie animée par Victor DAVID, chargé d’études au Centre IRD de Nouméa, j’ai découvert l’existence de cet outil. J’ai par la suite eu l’occasion de rencontrer Victor DAVID qui m’a aimablement reçu dans les locaux de l’IRD où il m’a fait une présentation plus détaillée.

La méthodologie utilisée doit permettre aux populations de mettre en place des solutions en prévention de catastrophes naturelles et de changements environnementaux. Chacun devient alors acteur dans l’élaboration de ces solutions en y apportant ses connaissances, son expérience, son vécu, ses observations, son ressenti, sa vision d’avenir. C’est l’occasion d’échanger en vue d’arriver à des solutions décidées en commun entre les populations et les institutions.
Une façon très pratique et ludique d’arriver à ce résultat a été de réunir les gens autour de la cartographie participative. La population d’Ouvéa a fait l’expérience de la création d’une carte en 3D à partir de matériaux de récupération (cartons, planches en bois, etc…). L’objectif de cette carte était d’identifier les zones qui allaient être impactées par la montée des eaux dans les années à venir (les premiers signes étant déjà là), afin de mettre en œuvre les solutions qui s’imposent ; à savoir, entre autres, la relocalisation d’une partie de la population en prenant en compte toutes les conséquences que cela peut avoir au niveau logistique, coutumier avec le problème du foncier, etc… Bref, une réorganisation complète du territoire en prévision de cette montée des eaux. Certains ont vu dans cette carte 3D un outil permettant aussi de localiser les personnes handicapées, de mettre en place des procédures d’évacuation en cas de catastrophe naturelle par exemple. Des voies d’accès ont été également découvertes par les équipes d’urgences leur permettant d’améliorer leur efficacité en cas d’intervention. Les applications et les avantages sont multiples. Aujourd’hui, la population d’Ouvéa s’est totalement appropriée cet outil. Le rôle l’IRD a été de les guider dans cette démarche et au final ce sont les personnes elles-mêmes qui ont trouvées les solutions.

La cartographie participative a déjà été utilisée dans d’autres îles d’Océanie telles que les Îles Marshall, Tuvalu, Kiribati et Tuamotu. En octobre 2016 est prévue à Poindimié une présentation par l’IRD de cet outil en vue de l’appliquer sur les communes de Touho, Ponérihouen et Poindimié. Participeront à cette session également les îles Kiribati et Tuamotu.

On parle beaucoup ces derniers temps du projet de barrage sur Pouembout. Étant originaire de ce village, je suis particulièrement sensible à ce qu’il s’y passe notamment au niveau environnemental. Un barrage, quelle que soit sa taille, a inévitablement un impact environnemental et peut engendrer des modifications importantes en termes de réaménagement du territoire. Il y a tout d’abord la zone directement impactée par le stockage de l’eau mais aussi le passage des canalisations et les exploitations agricoles qui pourront se connecter. En cas de très fortes pluies, le niveau peut atteindre les seuils de sécurité nécessitant des lâchés dont la quantité d’eau peut être conséquente et créer une érosion prématurée. Il ne faut pas oublier non plus les terres coutumières qui pourront être impactées d’une façon ou d’une autre. Autant de questions et problématiques qui peuvent être identifiées, abordées et traitées en y impliquant les populations de la région, qui connaissent particulièrement bien leur environnement et qui pourront ainsi avoir le sentiment de satisfaction d’avoir pu contribuer directement au développement et à la protection de leur territoire, en évitant de léser qui que ce soit.

Ne parle-t-on pas de destin commun en Nouvelle-Calédonie ? Voici donc un outil on ne peut plus pratique permettant d’y contribuer.